L'animation du soir {Libre}

Quelle animation ! La nuit était tombée depuis un moment déjà. Mais personne ne se serait douté qu’à l’extérieur il faisait noir. La galerie, immense, était si bien éclairée qu’on se croyait en plein jour.
Il y avait du monde, des gens partout. Les commerçants essayaient tant bien que mal d’attirer les clients en vantant les mérites de leurs produits. Les bonnes femmes couraient derrière les enfants qui s’échappaient à droite à gauche dès qu’ils apercevaient un joujou qui leur plaisait bien. Puis les pleurs pour obtenir l’objet de leur convoitise et les exclamations de joie quand il l’avait enfin entre leurs mains. Et les bonshommes assis sur les terrasses des bars, qui parlaient et riaient fort en buvant. De temps en temps l’un deux désignait du doigt une jolie poulette et alors toute la table se mettait à siffler. De temps en temps aussi, quelques personnes à l’air important passaient d’un pas pressé. Et les vielles dames avec leurs kadis.

Lacrima déambulait, un sourire de joie pure et simple flottant sur ses lèvres rouges. Elle sirotait une limonade qu’elle venait d’acheter à un vieil homme qui vendaient des « boissons fraîches », bien qu’on soit en hiver. Mais son commerce semblait fonctionner, et elle n’était pas la seule à se désaltérer d’un de ses sodas. Elle s’était achetée un pull aussi, car elle avait cruellement besoin de vêtements. Les seuls qu’elle possédait étant ceux qu’elle portait. Le sac en plastique se balançait joyeusement à son bras et elle tenait à la main son porte-monnaie… ouvert. Quelle inconscience ! Un porte-monnaie ouvert n’est jamais à l’abri d’éléments extérieurs qui bien souvent causent sa perte. Par exemple des voleurs. Ou bien ce monsieur énorme (ENORME !) qui avançait tel un mammouth dans la foule, bousculant tout et tout le monde sur son passage, et Lacrima aussi.

Sous le choc, elle lâcha son petit porte-monnaie qui s’en alla valser dans les airs, éparpillant tout son contenu en une joyeuse pluie de pièces. Quelques rires fusèrent à droite à gauche, des moqueries. Lacrima semblait indifférente, comme si elle avait l’habitude. Pas une protestation, bien que l’homme ne se soit pas excusé, pas un juron. Pas même un soupir. Elle se contenta de se baisser pour ramasser ce qu’elle avait laissé tomber. Ce n’était pas chose facile avec une seule main, car l’autre tenait toujours la limonade qui avait survécu à la collision. Elle était sûre que pleins de pièces tombées étaient perdues et qu’elle ne les retrouverait pas. C’était embêtant. Non pas que la demoiselle soit avare et qu’elle tienne au moindre yen. Mais de l’argent elle n’en avait pas des masses et elle en avait besoin. D’abord pour se racheter des habits. Puis cet argent, elle avait bossé dur pour le gagner.
À quatre pattes, elle cherchait toutes ces petites pièces qui lui manquaient encore et son porte-monnaie qu’elle n’avait toujours pas repéré.

“I dreamed I was missing
You were so scared
But no one would listen
Because no one else cared”

Setsuna trainait dans la foule son MP3 dans les oreilles, bien que, comme par pur miracle, un léger cercle de vide autour de lui s’était formé. Personne ne le bousculait, aller savoir pourquoi. On ne pouvait pourtant pas dire qu’il était imposant, même si il dépassait aisément le mètre quatre vingt cinq, il avait plutôt une allure dégingandée. La nuit était tombée mais dans la galerie marchande, l’animation était là. Des enfants voulaient des jouets, des commerçant hurlaient a qui mieux-mieux les mérites de leurs boissons fraîches ou miracles. Setsuna ne savait plus trop ce qu’il faisait là. Il avait trainé toute l’après midi dans la galerie marchande, a la base, il était juste venu boire un café noir et acheter un journal. Oui, ça pouvait paraitre qu’un jeune homme de dix-sept ans achète le journal, mais il cherchait un travail à mi-temps pour se faire un peu d’argent.

“I’m strong on the surface
Not all the way through
I’ve never been perfect
But neither have you”

Seulement, l’élémentaliste n’avait, encore aujourd’hui, rien trouvé de bien intéressant. Il est vrai qu’il faut savoir se contenter de peu, mais faire du repassage ou du ménage n’était pas dans ses cordes ! Non pas qu’il ne nettoyait jamais rien, mais qu’il présentait une certaine maladresse avec les objets demandant une attention particulière quand à leur fragilité. Et Setsuna était assez tête en l’air pour laisser une chemise brulée sous me fer, il l’avait d’ailleurs déjà fait du temps où il vivait encore chez sa mère… Non, ce n’était pas très glorieux.

Bref, si il était juste venu boire un café, que faisait il encore là ? Allez savoir… Il ne le savait pas vraiment lui-même à vrai dire ! Il aimait beaucoup trainer et observer la foule, marcher surtout, ainsi, il évitait de trop cogiter. Mais voilà qu’une seule personne osa le bousculer, un énorme bonhomme qui semblait presser. Setsuna s’apprêtait à aller ronchonner après avoir éteint son MP3 mais il le vit bousculer tout le monde puis une jeune femme qui laissa tomber son porte monnaie dans une pluie de pièces qui titillaient au sol. Ceci eut pour effet de déclencher le rire de la foule. Setsuna lança un regard sévère a trois donzelle qui semblait certainement dix ans plus vieille qu’elle ne l’était sous leur trois tonne de maquillage et leur vêtement si court que cela en devenait vulgaire. L’élémentaliste leva les yeux au ciel lorsque celles-ci se turent.

*** Quelles pouffiasses ! ***

Le jeune homme s’approcha de la jeune fille qui semblait bien avoir du mal a rattrapé ce qui lui appartenait en se faufilant dans la foule quand il sentit quelque chose sous son pied. Certainement le porte monnaie de la demoiselle. Par chance, quelques Yen étaient bien sagement resté au fond de ce dernier. Setsuna se plia et parut faire un effort incommensurable pour ramasser le porte monnaie puis se dirigea vers la jeune femme sous les regards de la foule qu’il repoussait de son regard d’un bleu devenu glaciale. Il lui rendit alors son porte monnaie puis l’aida a ramasser les pièces aux alentours. Il en avait retrouvé pas mal, mine de rien ! Une fois sa chasse aux pièces finie, il se redressa vers la jeune femme un sourire chaleureux sur les lèvres. Les sourires de Setsuna étaient sa marque de fabrique. Il était d’un naturel souriant et ces derniers voulaient pourtant tous dirent quelque chose de différent, celui-ci était employé pour engager la sympathie, bien que Setsuna ne calcule pas tout cela, ça lui venait tout seul.

- Décidément, y’a des abrutis partout ! ça va aller ? Je pense qu’on en a retrouver la plus grande partie. Tu veux bien finir ta limonade avec moi au café ? le froid commence a tombé.

Certaines aimerait a pensé qu’il la draguait, mais non, il était naturellement porté vers les gens, même si il était parfois assez difficile pour lui d’aller vers les gens qu’il ne connaissait pas. Seulement, dans un cas comme ça, il aimait aller discuter avec la personne a qui il avait donné un coup de pouce plutôt que partir sans demander son reste. Cependant, il fallait qu’il avoue que les yeux de la jeune fille l’attirait, ils étaient grands et semblait caché une histoire et du vécu, bien qu’ils étaient brillant et arboraient l’innocence.

[HJ: je te préviens, c'est bof. Désolée, je me rattrapperai..]

À quatre pattes au milieu d’une foule on se sent minuscule. Ce n’était pas une impression nouvelle pour Lacrima. Petite de nature, elle avait l’habitude de voir le monde d’en bas. Seulement là en plus de minuscule elle se sentait vulnérable, et ridicule. Les rires la gênaient plus qu’elle ne le laissait paraître. Elle qui aimait rester toute discrète dans son coin, les regards moqueurs sur sa petite personne la mettaient bien mal à l’aise. Intérieurement elle maudissait l’énorme cause de son ridicule. Et toutes ces pièces qui s’accumulaient dans le creux de sa main, c’était embêtant. Elle avait bien crut voir le porte-monnaie sous une chaussure, mais il avait disparu l’instant d’après.

Elle fut surprise lorsqu’une main se présenta sous son nez, une main qui lui tendait son porte-monnaie disparu. Elle le prit, un peu méfiante, et laissa s’échapper un petit « merci », juste assez fort pour que la main qui l’aidait l’entende. Elle fut encore plus surprise lorsqu’elle vit que cette même main s’activait à ramasser ses petites pièces perdues. Cette fois elle était sûre qu’elle ne les retrouverait jamais : la personne qui semblait l’aider allait empocher les quelques yens et s’en aller avec. C’était la loi, là d’où elle venait : ce qui tombe par terre t’appartient dès l’instant que tu l’as ramassé.
Sa surprise était donc évidente et bien visible lorsqu’elle finit avec toutes ses pièces (ou presque) dans son porte-monnaie fermé et rangé dans sa poche. Car il n’était plus question de le laisser sorti et ouvert.

La main généreuse appartenait à un jeune homme… très grand. Encore plus grand pour Lacrima qui était particulièrement petite. Il devait bien faire deux têtes de plus qu’elle, voire trois, et il lui fallut lever le visage pour voir son sourire. Mais ce petit effort en valut la peine. Son sourire gentil avait quelque chose d’unique, de personnel. Il disait « t’en fais pas je suis sympa », ou quelque chose dans ce ton là. Lacrima répondit par son sourire à elle, tout simple, un sourire de bon enfant.

- Merci, c’est trop gentil. Fallait pas…

« … te taper la honte juste à cause de moi, j’en vaux pas la peine. » Ces derniers mots elle se contenta de les penser, sans les dire.
Le froid de la nuit commençait à s’installer, c’était vrai. Mais ça ne la gênait pas, Lacrima aime bien l’air frais. D’un autre côté, l’idée de s’asseoir confortablement dans un petit café, loin des « abrutis » de la foule pour finir sa limonade ne lui déplaisait pas. Puis le garçon avait l’air sympathique. Pourquoi refuser sa compagnie ?

- Oui, c’est une bonne idée le café. Alors je te suis..

« Il ne faut jamais suivre les inconnus ». C’était la moralité de nombreuses histoires qu’elle avait lue étant petite. Pourtant toute sa vie, elle l’avait passée à traîner avec des inconnus dans les rues. Avec des inconnus parfois malhonnêtes. Celui-ci avait l’air au contraire tout ce qu’il y a de plus honnête, puisqu’il ne lui avait même pas volé une seule pièce. Elle le suivit donc de bon cœur jusqu'au café. Elle se sentait plus légère maintenant que les regards n’étaient plus collés à son dos. Les badauds l’avaient déjà oubliée, ils étaient à l’affût d’un nouvel incident. Lacrima était redevenue la petite fille invisible entre les épaules. La petite fille que personne ne voit et que tout le monde oublie.

Ainsi elle fut touchée par l’attention que lui portait le jeune homme. D’aussi loin qu’elle se souvienne, c’était la première fois qu’on l’invitait à boire dans un café, sans mauvaise intention évidente.
Le silence prit place un instant. Lacrima songea qu’il serait peut-être bon de se présenter, mais elle n’en fit rien. Le silence ne la gênait pas, elle ne se sentait pas forcément obligée de toujours parlé. Puis elle était plutôt maladroite lorsqu’il s’agissait d’introduire la discussion avec un inconnu. Elle préférait donc laisser ce soin à l’autre.
Avec lui la jeune fille devait paraître encore plus petite, pourtant elle appréciait d’aller aux côtés de ce grand gaillard au gentil sourire.

[Parce que tu crois que les miens sont mieux ? ça me va tout à fait, ne t’inquiète pas !]

La jeune femme parut surprise de voir un parfait inconnu lui offrir son aide. Une fois qu’ils eurent finit elle prit la parole afin de le remercier et d’indiquer que c’était trop gentil. Pour Setsuna il ne s’agissait pas vraiment de gentillesse mais de savoir vivre, il n’était pas normal de laisser une demoiselle ramasser des pièces sous les regards moqueurs des autres. Le malaise qu’elle avait pus éprouver fut sans doute gênant, bien que la demoiselle ne le laisse pas vraiment paraître. C’est lorsqu’il lui sourit et qu’elle leva la tête qu’il s’aperçut qu’elle était… vraiment petite. Elle avait tout d’une gamine grandit trop vite, une enfant bel et bien passé dans l’adolescence, mais qui n’avait pas eut le temps de grandir. Comme si il manquait quelque chose. Seulement, Setsuna ne voyait pas, pour l’instant, de quoi il s’agissait. Il fixa un moment son interlocutrice sans répondre puis lui proposa d’aller se réchauffer au café, bien qu’il n’ait pas vraiment froid, vu sa propre température interne, ça aurait été difficile.

A son grand étonnement, la demoiselle accepta sa proposition, son sourire s’agrandit alors, prenant l’ampleur de celui d’un gamin. Il ne fallait pas grand-chose à Setsuna pour être content. Bien qu’il ait souvent un air mature et très calme, il prend toujours plaisir lorsqu’on accepte de lui tenir compagnie. Il se mit alors en route suivit de sa nouvelle rencontre vers le café où il se rendait presque chaque jours. Cela ne faisait pourtant pas si longtemps que cela que le jeune élémentaliste était en ville et pourtant, Set’ trouvait déjà que c’était dans ce petit bistrot que le café était le meilleur. Et la patronne lui faisait quelques ristournes parfois, une bonne raison pour s’y rendre !

La foule s’était à nouveau dispersée et plus personne ne faisait attention aux ramasseurs de pièces. Le jeune homme observait d’un air amusé la distance qui les séparait, il devait faire facilement deux tête de plus qu’elle, et pourtant, il aurait parié gros sur l’âge de la demoiselle, sans doute pas beaucoup moins que lui. Cette dernière le suivait sans rien dire. Setsuna se demandait si il valait mieux garder le silence où si engager la conversation était le plus adéquat. Finalement, après une brève réflexion, il pencha pour l’option : « Faire un brin de causette car le café est encore a deux rues plus loin ! ». Il entrouvrit donc les lèvres afin d’y laisser s’échapper sa voix dans une question assez… étonnante pour un début de rencontre :

- Tu es du pensionnat ?

En début de conversation, on s’attendrait plutôt a des présentations puis a d’autre renseignement, mais Setsuna était assez maladroit parfois et il cache, très bien il fallait le souligner, une timidité certaine bien qu’elle n’est pas des plus fortes et ne lui gâche pas la plus part de ses rencontres. Cette timidité était bien plus flagrante avec d’autres personnes, plus imposante, plus étranges. Setsuna pensait, peut-être a tord, qu’il lui serait facile de comprendre la demoiselle, et de ce fait, ne se sentait pas gêner d’engager la conversation. Il posa alors son regard bleuté sur le visage de son interlocutrice et en profita pour la détailler un peu plus, afin d’imprégner son image dans sa mémoire.

Qu’on se figure une naine avançant aux côtés d’un géant, et on aura une idée de ce à quoi ressemblait les deux jeunes gens. On aurait dit une sorte de Laurel et Hardy, à la différence que c’était ici la taille et non la corpulence qui différenciait les deux compagnons. Lacrima devina ce qu’avait dû penser le garçon en baissant la tête vers elle : « Oh, comme elle est petite ! ». C’est ce que pensait tout le monde. De loin pourtant, on ne se rend pas toujours compte de sa petite taille, sans doute à cause de sa démarche, qui se veut fière et assurée. La jeune fille essaye de se tenir bien droite et la tête haute, copiant médiocrement le modèle de le mère Jackie. Mais au moins ainsi, elle paraît presque plus grande. C’est seulement lorsqu’on arrive à sa hauteur et qu’on voit qu’elle est presque obligée de se tordre le cou pour regarder son interlocuteur qu’on se rend compte qu’elle est minuscule. Il devait trouver drôle qu’elle soit si petite à son âge. Elle trouvait amusant ce sourire garçonnet pour un jeune homme si grand.

Laurel et Hardy n’étaient pas très bavards ce soir. Le silence commençait à régner, quand le jeune homme jugea bon de le détrôner. Il introduit la discussion d’une façon qui sortait un peu de l’ordinaire. Souvent c’était « Ouais, moi c’est Untel. Et toi, tu t’appelles comment ? » Là c’était plus original. Lacrima n’aurait pas mieux fait. Elle leva de nouveau la tête vers le garçon et croisa rapidement son regard. Elle n’avait pas encore remarqué ses yeux bleus derrière les mèches noires.

- Oui, mais je suis pas là depuis longtemps.

Elle ne lui retourna pas la question, jugeant que c’était inutile. Elle était presque sûre que la réponse serait positive. Il ne devait avoir qu’un an de plus qu’elle, ou peut-être deux. Il était donc en âge d’aller au lycée. Puis elle se rappela que cette ville était plus ou moins étrange. On y parlait d’anges, de démons, de vampires et autres créatures fantastiques. Peut-être que ce garçon à l’air sympathique était en réalité un monstre cruel âgé de plus de mille ans.
Lacrima sembla réfléchir un instant, puis elle prit de nouveau la parole.

- Il est bizarre quand même ce pensionnat, tu trouves pas ? On dit qu’il y a des vampires qui se baladent, et puis des anges aussi, des démons, des élémentaristes… T’en as entendu parler ?

Lacrima suivait, toujours confiante. Aurait-elle dû se méfier ? Elle repensa rapidement à sa colocataire, qui se promenait un sabre à la ceinture, au cas où. Et elle suivait un parfait inconnu, sans se soucier de rien. Peut-être parce que le sourire sincère du jeune homme était rassurant ?
Le café ne devait plus être loin.

La réponse de la jeune fille répondit a toute ces attentes, il avait vaguement entendu parler d’elle, sans pour autant avoir réussit à discerner son prénom. Comme le regard de la jeune fille qui était marqué par l’innocence, celui du jeune homme était naturellement empreint d’une certaines douceur, un regard serein qui semblait sûre de lui, en apparence. La jeune fille ne lui retourna pas sa question, elle devait bien se douter que si il en parlait, il en faisait partit. La seconde réplique de la demoiselle fit naître un sourire au coin du visage de l’élémentaliste. Alors, elle était plus ou moins au courant ? Mais visiblement, pour elle, cela restait au stade de simples rumeurs. Setsuna fut prit d’une drôle d’idée ! En effet, grâce à ses dons, il lui était facile d’embobiner quelqu’un, mais il ne voulait pas non plus faire fuir sa nouvelle rencontre ! Surtout qu’il était déjà prit de sympathie pour cette demoiselle. Son air enfantin avait attendrit Setsuna, comme si il était déjà persuadé qu’ils passeraient de très bons moments, de bonnes rigolades mais peut-être aussi de grandes réflexions sur les bizarreries de ce monde.

Sortant de ses pensés, son sourire s’effaça un peu, laissant place a un air plus ou moins mystérieux. Sans laisser le temps a la demoiselle de protester, il saisit la main de la jeune fille, ne faisant pas attention au fait qu’il n’ait qu’une température interne de 17°C. Il pressa le pas lui, au coin de la rue, plaça la demoiselle contre le mur, un sourire amusé aux lèvres :

- Tu m’as l’air bien renseignée ! Si j’en ai entendu parler ? T’as pas pensé que je pourrais être un grand méchant vampire, hein, Lacrima ?

En effet, beaucoup d’humain faisait facilement le lien entre les vampires et Setsuna : Peau froide, teint pâle renforcé par le contraste entre cette même peau et ses cheveux noirs ébène. Cependant, il avait des expressions bien trop humaines pour être un des leurs. Aussi, la demoiselle aurait pus se demander où il avait réussit a pêcher son prénom. Rien de plus simple, lorsque l’on peut voyager dans la mémoire des gens ! Ainsi, il reprit bien vite la parole :

- Cependant, t’as du bol, parce que même si ça a tendance a de plus en plus grouiller par ici, tu tombe sur quelqu’un qui est presque humain.

Un autre grand sourire s’installa sur le visage du jeune homme visiblement fière de sa blague qui aurait pus faire brailler plus d’une petite fille, mais il sentait que Lacrima ne le prendrait pas mal. Oui, Setsuna était presque humain, même si il ne l’était pas complètement, enfin si, lui se considérait comme un humain, mais juste un humain doté de pouvoir et de dons. Seulement, rien qu’avec ça, certains vous prenait déjà pour un monstre ! Beh oui, y’en a, il leur en faut peux pour vous caser du côté obscur de la force [Star wars <3 xD]

Sans rester trop longtemps, immobile, Setsuna désigna d'un signe de tête le petit bistrot qui était a quelques pas de là, sur le trottoire voisin. Dans cette rue, il n'y avait jamais foule, sans doute parce que cette dernière ne comptait aucun commerce a part ce petit bar pourtant assez connu.

- Allez, vient, c'est juste là-bas!!

La deuxième intervention de Lacrima eut un effet inattendu sur le jeune homme. D’abord un petit sourire en coin, qui ‘effaça pour laisser place à un drôle d’air mystérieux. Puis sans prévenir, il lui attrapa la main pour l’entraîner elle ne savait trop où. Elle eut juste le temps de se dire que sa main était vraiment froide. Le garçon avait les jambes bien plus longues que les siennes, il faisait de rands pas et il lui fallait presque courir pour le suivre. Avant qu’elle n’ait le temps de réagir, elle se trouvait contre un mur, dans un coin calme : scénario type de l’agression.

Le jeune homme pris la parole, un mauvais sourire sur les lèvres. Si, elle avait pensé qu’il pouvait être un méchant vampire, mais elle ne l’avait pas cru. Son regard était emprunt d’une douceur qui ne pouvait appartenir à un suceur de sang sans cœur. D’un autre côté, ce teint si pâle, cette peau si froide… Le cœur de la jeune fille battait légèrement plus vite que la normale, à cause du petit effort engendré par cette course improvisée, ou une peur naissante ? Bah, si il essayait de lui pomper le sang, il était assez grand et elle assez petite pour qu’elle file entre ses jambes, lui administrant au passage un bon coup dans la partie sensible. Elle n’aurait plus qu’à s’enfuir et disparaître dans la foule.

- Euh…

Mais elle n’eut pas le temps de poursuivre car déjà le jeune homme reprenait. Un grand sourire remplaça son air amusé mi-moqueur. La bonne blague ! Il semblait en être fier. Lacrima fronça les sourcils et le considéra un instant avec une expression mitigée. Plusieurs possibilités s’offraient à elle : piquer sa crise de nerfs parce qu’il « lui avait foutu la peur de sa vie », ou lui donner une bonne gifle, histoire de laisser une jolie marque rouge sur sa jour blanche, et partit l’air outré, le laissant boire son café tout seul. Le jeune fille opta pour la dernière option : rire. Elle avait le rire facile et ce tour suffisait à déclencher chez elle un bel éclat.

- T’sais que tu m’as presque fait peur ! puis après un instant, Alors toi aussi t'es qu'un humain..

Par « presque humain », Lacrima avait compris humain tout court. Cette pensée la rassurait. Elle commençait à regretter de s’être aventurée ici sur un coup de tête et elle se disait qu’elle aurait mieux fait de rester bien sage dans son trou. C’est qu’elle ne se sentait pas vraiment à sa place dans cette ville où tout le monde semblait avoir des pouvoirs surhumains. Certains se demandaient même si les humains étaient admis au lycée. Alors qu’un autre pensionnaire soit aussi humain la réconfortait un peu.
Le bistrot n’était qu’à quelques mètres, juste en face.

- T’as de drôles d’idées quand même, mais j'aime bien

Il est vrai que la façon qu’avait le jeune homme de faire connaissance était peu commune. On était loin du « Bonjours, tu veux être mon ami ? ». La Rosenblum préférait ce genre de rencontre, bien plus originale. Il n’empêche qu’après tout ça elle ne connaissait toujours pas son nom.
Ils allaient entrés dans le petit bar et Lacrima en était là de ses réflexions quand elle se stoppa net, comme frappée par une révélation. Elle leva les yeux vers le jeune homme. Sur son visage on lisait de la surprise, mélangée à une sorte d’incompréhension.

- Tu m’as bien appelée Lacrima. Comment tu… ? Tu as trouvé mon prénom tout seul… Jacques ?

S’il avait deviné son prénom, elle avait pensé qu’elle pourrait peut-être y arriver aussi. Il l’avait peut-être appelée Lacrima au hasard, même si ce n’est pas un nom très courant, une fantaisie de sa mère. Elle l’avait donc appelé Jacques au hasard. Puis elle se rendît compte de son ridicule. Personne au Japon n’aurait idée de s’appeler Jacques. Jacques…

Lacrima parut douter un moment mais finit par rire, ça rassura un peu Setsuna qui commençait à croire qu’il avait effrayé la demoiselle. Seulement, sa dernière remarque n’était pas tout à fait exacte, du moins pour certains. Setsuna ne préféra pas relever puis ils continuèrent leur route jusqu’au petit Bistrot. Mais, alors qu’ils allaient entrer, cette dernière sembla comme frappé. Son visage inspirait la surprise et l’incompréhension. Visiblement, elle venait de s’apercevoir que ce dernier avait pêché son prénom. Ainsi, elle le rebaptisa Jacques, ce qui fit apparaître un grand sourire sur le visage de l’élémentariste. Pour l’instant, il préférait ne rien dire quand a sa spécialité. Après tout, lui se considérait comme humain ! Il prit alors la parole en riant à moitie :

- Jacques si tu veux, mais non, ce n’est pas mon prénom ! On dirait que j’ai plus de chance que toi !

La chance hein… Drôle de prétexte, mais ça pourrait peut-être marcher ! Il prit de nouveau la main de la demoiselle pour entrer dans le bar, vérifiant qu’il n’y avait pas de mauvais regard dans la salle. Visiblement, ni vampire ni démon. Peut-être un ange se cachait parmi la foule mais ce n’était pas eux les plus dangereux. Setsuna s’assit à sa table habituelle, tout au fond, loin des braillards qui puait la vinasse et qui jouaient au poker. Il s’assit en lâchant enfin la main de la demoiselle.

Il n’était pas rarissime de voir un ou deux vampires trainé dans le coin, il y avait peu de monde alors ils en profitaient. Bien souvent ils se tenaient tranquille mais parfois ils étaient plutôt d’humeur à massacrer tout une foule ! Dans ces cas là, valait mieux rester à l’ écart et partir incognito !

Setsuna sourit à Lacrima et la patronne approcha, lançant un grand sourire au jeune homme :

- Hey Set’ ! Tu nous amènes une nouvelle cliente ? Une copine peut-être ?
- Pense pas trop vite Lyra, c’est une camarade de classe que j’ai croisé dans la galerie marchande, et puis sert moi un café au lieu de déballer des bêtises !
- Tsss t’es même pas drôle d’abord ! Tu prendras quoi la miss ?
- Elle s’appelle Lacrima --'
- Si tu veux Set’

Les chamailleries entre ces deux là étaient fréquentes, mais on sentait bien qu’ils s’appréciaient. La taquinerie était une des spécialités du jeune homme, c’était très clair ! Entre sa mauvaise blague d’il y a quelques minutes et cette « mini-dispute » entre la barman et lui, si Lacrima ne l’avait pas comprit, c’était qu’elle dormait !

Le jeune homme se tourna vers la demoiselle en roulant des yeux et indiquant de façon parfaitement audible :

- Ne l’écoute pas, sa vieillesse et son célibat la préoccupe tellement qu’elle voit des couples partout !
- J’ai parfaitement entendus p’tit con !
- C’étais le but ma chère !
- Tsss

La jeune femme prit la direction du comptoir tandis que le jeune homme lui tirait la langue et se tournait a nouveau avec son grand sourire de gamin vers Lacrima.

Le café et la commande de la demoiselle arrivèrent rapidement, Setsuna but une gorgé du breuvage puis soupira d’aise, il faisait nettement meilleur ici ! Il prit alors la parole afin d’animer la conversation :

- ça fait longtemps que t’es dans le coin ?

A vrai dire, Setsuna avait déjà plus ou moins la réponse mais il aimait entendre les autres parlers d’eux. Lui n’avait rien de bien particulier à raconter, sa vie avait été des plus banales, surtout de nos jours : Un mariage, un bébé puis un divorce. Beaucoup d’histoire ressemblait a celle de Setsuna qui contrairement a beaucoup d’autre n’avait pas trop mal vécu la séparation de ses parents. Sa mère et son père étaient resté amis malgré tout et Setsuna pouvait aller chez l’un comme chez l’autre autant qu’il le voulait, bien que le plus souvent il restait avec sa mère avec qui il avait noué des liens très forts. Sa mère c’était quelque chose, certainement un de ses plus gros points faible.

Le garçon rebaptisé ne semblait pas trop gêné par le fait qu’on ait changé son nom, à en juger par son sourire et son mi-rire. Il fit juste remarquer à Lacrima qu’elle avait eut moins de chance que lui, car évidemment, il ne s’appelait pas Jacques. Un simple coup de chance si lui avait trouvé son prénom ? C’était à peine crédible. Pourtant Lacrima voulu bien le croire. Elle préférait, pour l’instant, cette explication à une autre. Le jeune homme ne semblait en tout cas toujours pas décidé à lui apprendre son vrai nom.

Le nouveau Jacques prit une nouvelle fois la main de la jeune fille pour entrer dans le bar, et une nouvelle fois cette dernière fit la même constatation : il avait la main froide. Froide, mais chaleureuse.
Enfin à l’intérieur, le jeune homme se dirigea vers une table, dans un coin calme, loin des buveurs et joueurs de cartes. Ils s’installèrent et une jeune femme ne tarda pas à les accueillir. La patronne visiblement, qui devait bien connaître Jacques, ou plutôt Set’.
La petite chamaillerie gentille qui suivit provoqua chez Lacrima un grand sourire ; elle aimait bien voir ces deux là se disputer comme deux enfants.

Lacrima s’était commandé « un chocolat chaud, s’il y en a ». Et il devait y en avoir puisqu’on le lui apporta bientôt. Elle pensait bien que le garçon, s’il ne le disait pas tout haut devait penser tout bas que c’était un peu drôle de prendre un chocolat chaud dans un bistrot. Ca n’aurait pas été la première fois qu’on se serait moqué de sa « gaminerie ». Mais elle n’appréciait pas trop le café, alors…
Le jeune homme tenta d’engager la discussion en invitant Lacrima à parler d’elle. Elle ‘était habituellement pas prompte à raconter sa vie, seulement ce soir, sa langue semblait s’être déliée, et elle partit d’un ton enjoué :

- Eh bien en fait ça fait juste quelques jours que je suis au Japon. Parce que je viens de France, j’habite près de Paris. Mais je suis autan japonaise que française. Quand j’étais petite… Mais pourquoi je te raconte ça ? Ca ne t’intéresse pas.

Elle se demandait ce qui lui avait pris. Elle était bavarde, certes, mais rarement avec quelqu’un qu’elle ne connaissait que peu. Et même lorsqu’elle parlait beaucoup, ce n’était pas pour raconter ses histoires. Ainsi elle ne se reconnaissait pas. Pourtant très vite, cette envie de parler la reprit et les mots partirent seuls.

- J’adore le Japon. Je dis pas ça sans connaître le pays : j’ai vécu ici, il y a longtemps. J’ai gardé de trop bons souvenirs, alors j’ai voulu revenir… puis se ressaisissant, Oh désolée, tu dois me trouver aussi ennuyeuse qu’une vieille qui radote.

Décidément, elle ne serait jamais douée pour mener la discussion avec une personne qu’elle ne connaissait pas très bien. Elle se trouverait toujours ridicule, inintéressante, maladroite. Alors comme chaque fois, elle se dépêcha de détourner la conversation, sur un sujet qui ne la concernait plus du tout.

- C’est tranquille ici, t’as l’air de bien connaître, et la patronne aussi. Elle sait même ton prénom. Set’, c’est ça ? Jacques, Set’… j’y étais presque ! En tout cas je trouve l’endroit sympa. Merci de m’avoir emmenée =)

En buvant son chocolat, Lacrima se disait que c’était bien vrai que le petit bistrot était sympathique. D’habitude elle n’aimait pas trop les bars, ils la laissaient plutôt méfiantes, elle en avait presque peur avec les gens plus ou moins louches qui les fréquentaient. Alors qu’ici tout avait l’air gentil, elle se sentait à l’aise.
C‘est en reposant sa tasse sur la table qu’elle se rendit compte que :

- Tiens, ma limonade a disparue…

Cette limonade fait partie de ces choses qu’on a un instant et qu’on n’a plus l’instant d’après, sans savoir où elles sont passées, ce qu’on en a fait, cela arrive. Elle l’avait peut-être laissée tomber lors de la blagounette de Set’. De toute façon, il n’y en avait presque plus..

La demoiselle avec qui il discutait n’avait pas l’air très a l’aise avec les mots, et elle semblait surtout ne pas avoir un brun de confiance en elle sur ce qui est de tenir une conversation avec un parfait inconnu. Ce genre de maladresse et de remarque ne faisait que renforcer le sourire chaleureux du jeune homme : si, ça l’intéressait. Il aimait écouter, non pas qu’il soit une commère, mais plutôt qu’entendre d’autre histoire que la sienne, moins banale, lui faisait s’imaginer des scénarios et le sortait un peu de sa routine monotone. Seulement, Setsuna n’eut pas le loisir de lui confirmer que si, il s’intéressait à sa petite vie que la demoiselle reprit mais s’arrêta a nouveau presque aussi tôt avant de détourner le sujet. Le jeune homme cacha bien mal un léger rire. La façon d’être de cette fille était trop drôle ! Elle semblait si maladroite et si tête en l’air !

- Si ça ne m’intéresserait pas, je ferais comme quand Lyra m’enquiquine avec ces amourettes !
- Tais-toi Set’ !
- Tu n’as qu’à pas m’écouter ! Bref, quand elle le fait, je dors sur la table pendant qu’elle déballe sa vie !

Un sourire franc, sincère et tout ce qu’il y a de plus rayonnant s’inscrit sur le visage aux traits doux du jeune homme. Il n’avait aucune gêne quand il parlait avec Lacrima, il n’avait pas le moindre problème avec sa timidité qui pourtant existaient bel et bien lorsqu’il devait parler avec un adulte du pensionnat. Il repensa alors brièvement au sous directeur qui devait encore être à l’hôpital aujourd’hui…

Sortant de ses pensées, Il prit alors là parole, revenant sur la remarque de la demoiselle qui se tenait face a lui, une tasse de chocolat chaud dans les mains :

- Ouais, c’est tranquille la plupart du temps. Mais Set’ n’est qu’un surnom parmi tant d’autre ! En fait, je m’appel Setsuna. Mais je te laisse le loisir de m’appeler Jacques si tu veux !! xD

Jacques ou Setsuna, ça ne changeait pas vraiment grand-chose, un prénom était un prénom, même si pour certains, leurs prénoms avec une signification et un symbolisme particulier a leurs yeux.

Soudain, la demoiselle remarqua la disparition de sa limonade, Setsuna balaya le bistrot du regard mais n’y aperçut pas le gobelet, il avait du le faire tombé lorsqu’il lui avait fait sa petite blague.

- T’inquiète pas, le commerçant qui vend ces limonades est là presque tous les jours, tu auras bien l’occasion d’en reprendre une, en plus c’est un petit papy bien sympas, si tu vas le voir régulièrement, il t’en fera cadeau parfois. Depuis qu’il a perdu sa femme il a besoin de discuter un peu.

Setsuna lui avait tapé la discute plusieurs fois et avait appris beaucoup de chose, plus ou moins de façon « officielle » si on peut le formuler comme ça. Un air abstrait se peint alors quelques secondes sur le visage du jeune homme qui but à nouveau une ou deux gorgée de son café qui était bien chaud. Il sentait le fluide descendre le long de son œsophage pour ensuite finir dans son estomac.

Un client entra dans le bistrot, puis un autre. Deux hommes avec de longs manteaux noirs. C’était de simples humains, Setsuna le savait, pourtant, il les jugeait malsains. Il n’aimait pas leurs regards. Ces deux hommes avaient une sale réputation, il fallait le souligné. Cependant, Setsuna leur ayant déjà mit la lame sous la gorge, ils avaient vite compris qu’ici, ils devaient se tenir tranquilles. L’élémentariste les surveilla du coin de l’œil mais repartit bien vite sur Lacrima avec son air de gamin ahuris.

Lacrima se savait parfaitement drôle, un peu ridicule sur les bords. Depuis seize ans qu’elle se traînait, elle commençait à bien se connaître et aussi à deviner ce que les autres pouvaient penser d’elle. Ainsi elle se doutait que le jeune homme devait la trouver bien drôle et que c’est pour cette raison qu’il eut un petit rire. Il eut au moins la politesse d’essayer de cacher son rire, mais sans grand succès. En tout cas il ne roupillait pas pendant qu’elle parlait, c’était déjà ça. Elle pouvait se rassurer en se disant que même sans savoir mener correctement une discussion, elle n’était pas soporifique. C’est sur un ton plus rieur que de reproche qu’elle dit :

- Dis donc, tu serais pas en train de te moquer de moi ? Je sais ce que tu penses : tu me trouves bizarre, c’est ça ? C’pas grave, j’ai l’habitude. Du moment que tu t’endors pas pendant que je parle… Je sais pas comment je réagirais à la place de Lyra. Surtout que pour une fille en général, les « amourettes » c’est important.

Le jeune homme partit un instant dans ses pensées. Lacrima profita de ce court instant pour boire une nouvelle gorgée de chocolat et remettre en place une mèche brune qui lui tombait sur les yeux. Elle était bien installée, là. Elle buvait tranquillement et elle pouvait parler d’un ton léger. Même si elle était toujours aussi confuse au début, la discussion lui semblait plus simple que d’habitude. Setsuna n’avait pas l’air très compliqué et il avait le don de la mettre à l’aise avec tous ses grands sourires.

Car oui, il s’appelait Setsuna. Il s’était enfin décidé à le lui dire. Mais de toute évidence, Jacques, Set’ ou Setsuna, cela n’avait pas grande importance à ses yeux. Après tout, un prénom n’a pas toujours de signification particulière, ce n’est parfois qu’une étiquette qu’on vous colle à la naissance, un mot tiré au sort dans le dico « Comment appeler mon bébé ? ».

- Vrai, je peux t’appeler Jacques ? En fait si j’ai dit Jacques et pas Charles par exemple, c’est parce que je connaissais une Jacqueline en France. Je sais pas vraiment si je peux dire que je l’aimais bien, mais je l’admirais. Je voulais lui ressembler. Le petit problème c’est que je suis tout son contraire : elle est grande, blonde, elle a des yeux bleus magnifiques, un peu comme les tiens mais avec une expression complètement différente. Elle est super belle, le petit ic, c’est qu’elle ne sait pas sourire, pour de vrai je veux dire. C’est dommage, parce que sinon elle serait encore plus jolie.

Lacrima se tut un instant. Elle fixait le vide en repensant à la fameuse Jacqueline. Puis revenant sur terre, elle se rendit compte qu’elle venait, une fois de plus, de raconter sa vie. Elle attendait ce fameux « Cool ta vie » qui ne venait pas.
Le problème de toutes les petites bavardes, c’est qu’elles veulent parler juste pour parler et déballent toutes leurs histoires sans grand intérêt et sans réfléchir vraiment à ce qu’elle dise. Puis souvent on regrette ce qu’on vient de dire l’instant d’après, parce que c’était un grand secret, que cela n’avait pas lieu d’être dit ou tout simplement que c’était nul à raconter. Lacrima se trouvait souvent dans ce cas, elle pensait qu’elle aurait mieux fait de se taire parce que ce qu’elle venait de dire ne valait pas le coup et pourrait faire mauvaise impression. Parler pour ne rien dire.

- Faut que je te prévienne d’un tout petit détail : je suis une grande… pipelette, si on peut dire. Ou en tout cas j’aime bien parler et souvent mes histoires ne sont pas forcément très intéressantes, mais je les dis quand même juste parce que j’ai envie de les raconter, comme ça..

Donc elle aimait parler. Mais elle appréciait aussi entendre les autres conter leurs propres aventures. Elle aime écouter l’autre, essayer de le comprendre et partager ses souhaits, ses envies, ses émotions. C’est un instinct naturel qui la porte vers ses semblables et la fait s’intéresser à eux. Ainsi l’idée d’aller discuter avec le vendeur de limonade pour qu’il lui raconte ses histoires l’enchantait.

- Il faudrait que j’aille le voir un jour alors. C’est vrai qu’il a l’air bien sympathique ce vieux monsieur. Moi ce que j’aime bien avec les grand-mères et les grand-pères, c’est que souvent ce sont eux qui font la conversation tout seuls et on n’a pas besoin de beaucoup parler, juste d’écouter.

La jeune fille se rendit compte de l’aspect paradoxal de ses propos. Il y avait à peine une minute elle disait qu’elle adorait parler et voilà qu’elle déclarait qu’elle préférait se taire pour écouter. En prenant conscience, elle ajouta un petit « Je sais je suis contradictoire », avant de se replonger dans sa tasse de chocolat. Après tout n’est-ce pas ses contradictions qui font d’un Homme un Homme, c’est justement ce qui le rend humain.

C’est ce qu’elle se disait pour se justifier intérieurement, quand elle entendit la porte du bar s’ouvrir derrière elle. Elle dut se tourner pour voir qui entrait, car elle était assise dos à la porte. Les nouveaux clients étaient deux hommes en longs manteaux noirs, qui apparemment n’étaient pas ici pour la joie de Setsuna : il n’avait pas l’air très heureux de les voir.

- Tu les connais ? Ils ont pas l’air très…

Lacrima laissa sa phrase en suspend parce qu’elle ne trouvait pas le mot qu’elle cherchait mais qu’elle savait que le jeune homme comprendrait quand même ce qu’elle voulait dire. Ce disant, elle s’était remise face à Setsuna, qui avait retrouvé comme si de rien n’était son joli sourire d’enfant joyeux.

[HRP: Désolée pour ce post qui est vraiment a chié xD]

Setsuna eut un petit air rêveur, repensant a la réaction de Lyra lorsqu’il c’était endormis durant une conversation sur un certain Yann’… Il s’en était pris une sacrée ce jours là ! Lacrima le sortit cependant de ses pensées lorsque cette dernière prit un ton rieur, demandant si par pur hasard, il ne se moquait pas d’elle. Setsuna prit donc la parole a son tour, sur un ton que prendrait un petit enfant innocent, par pure ironie :

- Moi ?? Me moquer de toi ?? Allons bon ! Jamais je n’oserais ! Et puis en plus, j’aime les gens bizarre ! Au moins, ils sortent de l’ordinaire et on ne s’ennui pas, avec eux…

C’était vrai, Setsuna aimait passer du temps avec les gens qui sortait du lot, lui qui se trouvait tellement ordinaire ! Il était le stéréotype même de l’adolescent d’aujourd’hui : grand, qui aime la musique, parents séparés, va d’amourette en amourette, de cœur brisé en cœur brisé… Pourtant il avait toujours été francs… Enfin, tout ça c’est une autre histoire, revenons en a nos moutons. Lacrima avait l’air à l’aise, elle but une gorgée de son chocolat et remis une mèche brune en place sous le regard type du grand frère qu’avait l’élémentaliste.

Setsuna leva un sourcil quand à la réaction de la demoiselle, elle semblait si… contente de pouvoir l’appeler Jacques ! C’était… étrange ! Mais l’explication lui vint vite, elle connaissait une Jacqueline qu’elle admirait vraisemblablement. Mais Lacrima s’arrêta bien vite de parler, plongeant dans ses pensées puis semblant s’apercevoir de ce qu’elle venait de dire. Qu’elle raconte sa vie ne dérangeait aucunement le jeune homme, au contraire, il aimait écouter ce que les autres avait a dire !

Un sourire fit à nouveau son apparition sur le visage du jeune homme lorsque son interlocutrice lui précisa qu’elle était bavarde, mais ça, il l’avait déjà remarqué ! Pas besoin de le lui dire, il avait comprit et ne s’en plaignait pas, contrairement a ce que certain aurait fait.

Setsuna prit la parole après avoir fini son café noir, le regard pourtant absent, comme si il cherchait quelque chose ou quelqu’un du regard :

- T’inquiète pas pour ça, j’aime autant les gens bizarre que les bavards ! On est comme on est, c’est tout. Il faut bien des gens pour faire la conversation de toute façon.

Il revint machinalement à Lacrima, lui souriant tandis que la demoiselle indiqua qu’elle irait revoir le grand père aux limonades, visiblement, elle aimait autant écouter que parler ! Elle voyait déjà Lacrima boire dix limonades gratuites sur le stand de monsieur Fujima…

Oui, cette demoiselle était paradoxale et elle venait de s’en rendre compte apparemment ! Setsuna lui sourit, une expression qui voulait dire : ce n’est pas grave, j’men fiche, t’es comme t’es, sur le visage. Il ne lui fallait pas grand-chose a ce grand dadet, tant qu’il avait de quoi écouter, de quoi répondre et que la personne avait de l’humour, ça le satisfaisait.

Visiblement, Lacrima avait aussi repéré les hommes qui étaient rentrés dans le bistrot. Il lui sourit chaleureusement comme pour la rassuré puis prit la parole :

- C’est rien, juste des clients un peu trop collant avec Lyra, et c’est surtout une fois qu’ils ont bu qu’ils sont dangereux, bien qu’une fois j’ai dut intervenir…

Il avait beau dire, Lyra était déjà devenue une de ses amis et son instinct protecteur prenait le dessus. Setsuna était comme ça et on ne le referait pas. Il se sentait dans l’obligation de défendre ceux qu’il affectionnait et le faisait chaque fois qu’il le fallait…

[HJ: Ce message est sans doute le pire que j'aie jamais écrit et c'est en plus une fin horrible... sorry]

Ce jeune homme appréciait les personnes bizarres et bavardes. Alors il arriverait sans doute à supporter la compagnie de la Rosenblum. Non pas qu’elle soit bizarre, mais disons qu’elle avait parfois des réflexions… peu ordinaires. Quant à dire si elle était bavarde, elle en avait déjà fait la démonstration à plus d’une reprise.

Mais revenons-en à ces hommes pas très nets, vêtus de longues capes noires et qui venaient de pénétrer dans le petit bistrot :

- C’est rien, juste des clients un peu trop collant avec Lyra, et c’est surtout une fois qu’ils ont bu qu’ils sont dangereux, bien qu’une fois j’ai dut intervenir…

Dangereux ? Intervenir ? Que voulait-il dire exactement par là ? Lacrima se contenta de se le demander intérieurement, sans poser la question.

Pour une fois ce soir, la jeune fille avait décidé de se taire, comme quoi une fois n’est pas coutume. Elle entreprit de finir les quelques gouttes de chocolat chaud qu’il restait au fond de sa tasse. Ce fut vite fait : l’affaire de deux ou trois gorgées.

La tasse était vide mais les hommes toujours là. Derrière son sourire, Setsuna avait tout de même l’air un peu inquiet, pour Lyra sans doute. Lacrima avait remarqué à sa façon de la taquiner qu’il appréciait la jeune femme. Ces types n’étaient pas là pour son bon plaisir.

Le garçon les surveillait toujours du coin de l’œil. Peut-être qu’ils croisèrent son regard bleu, et que cela leur remémora la dernière intervention de jeune homme, car ils ne tardèrent pas à s’en aller, sans avoir rien bu. Ils s’étaient contenté de crier quelques insultes à l’adresse d’on ne savait trop qui, puis il partirent comme ils étaient venus.
Quelque mauvais souvenir les fit s’enfuir…

Le calme s’était réinstaller. Un rapide coup d’œil à la tasse de Setsuna appris à Lacrima qu’il avait finit son café lui aussi.

- Bon, bah je crois qu’on a tous les deux terminé.

Ceci dit, les deux jeunes gens quittèrent le petit bar, non sans avoir payé et salué chaleureusement la jeune Lyra.

Lacrima ne manqua pas ensuite de vivement remercié ce cher Setsuna alias Jacques pour ce bon petit moment, et les deux se séparèrent : Setsuna retourna à ses occupations et Lacrima pour continuer son shopping ainsi interrompu.

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